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2013-11 Argentine - De Buenos Aires à Ushuaïa

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2013
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Vers Ushuaïa, dans la Terre de Feu.
Une course en rafale

Tous ceux qui se désolent des vents froids et forts de la Bretagne peuvent s’estimer chanceux de ne pas vivre en Patagonie.

Patagonie, sensation d’ « agonie ».

En tout cas, jamais notre vagamondage n’avait autant tressauté ni été secoué par les éléments.

Plus de 3000 km séparent Bahia Blanca de Ushuaïa, par une route certes droite et souvent plate, mais pas toujours goudronnée.

Pendant de longues portions la chaussée n’est qu’un large sentier de gravillons. Une difficulté extrême et un danger pour les deux roues.

Mais pourquoi donc aller jusqu’à Ushuaïa, alors qu’il fait si mauvais, que les routes sont dangereuses et que, dans chaque coup de rafales, toute tentative de pédalage porte un risque ?

D’abord parce qu’on doit être un peu têtus et, peut-être aussi, parce que, quelque part on sait qu’Ushuaïa vaut le coup (de vent évidemment) !

On roule vers un horizon totalement ouvert.
Devant et autour de nous, rien d’autre que le blanc-bleu du ciel sur la croute dorée de terre.

On avance comme en se laissant avaler par l’immensité.

La distance et l éloignement de tout rend les hommes sympathiques.

Dans les rares fermes et villages, les rencontres sont toujours chaleureuses.

Cela efface, ne serait ce que pour quelques minutes ou quelques heures, le surmenage de la secousse.




Dans l’unique maison entre Bahia Blanca et Conesa (140 km), Carlos nous propose une parcelle pour halte familiale. Au cœur de cette région inhabitée, il garde une maison de dépannage d’essence d'eau.


L’eau est une inestimable source de rafraichissement pour tous les voyageurs.

Lorsque qu’il nous a vus arriver à vélo, il nous a accueillis avec un grand sourire et un généreux verre d’eau à la main.

Nous avons piqué notre tente dans son terrain et passé, malgré le froid (3°C), une des plus chaleureuses soirées.

Carlos nous a raconté la légende de Gauchito Gil.

Le Robin des bois Argentin est devenu un « Saint » local hautement respecté que les conducteurs aiment vénérer, le long des routes, dans ces autels toujours entourés de drapeaux rouges outragés par le vent.

A Rio Colorado, en voulant acheter du pain pour pique-niquer dans la nature, on s’est retrouvé à table, au bord de la rivière, chez Alejandro et son fils.
Alejandro avait repéré deux voyageurs perdus dans sa petite ville en train de chercher une quelque épicerie et, d’une admirable spontanéité, il nous a proposé un petit rafraichissement chez lui.

On s’est regardé puis on s’est laissé tenter.

En arrivant chez lui, tel un vieux copain, il a ouvert son frigo, sorti une bouteille de « Terma Patagonia » (boisson à basse d’herbes très désaltérante), réchauffé du riz et du poulet, coupé du fromage et du jambon cru puis, disposé le tout à table afin de combler notre soif et notre vorace appétit.

« Je sais ce que c’est que de faire du sport », nous a-t’il dit.

En tout cas, son geste accueillant a bien comblé notre faim mais il a, surtout, empli d’amitié notre sentier. 

Dans tous les pays que nous avons traversés nous avons eu beaucoup de démonstrations de sympathie et d’amitié mais très peu des gens nous ont ouvert spontanément et généreusement les bras.

Une première en Argentine – mais ça ne sera pas la seule – qui restera dans les meilleurs souvenirs.

L’accueil affectueux façonne la population des petites villes du sud de l’Argentine.

Dans les jardins publiques les enfants viennent discuter avec nous, nous font la bise et nous offrent leur dessins.

Les gens nous sourient partout, sont contents de nous renseigner et, quelque fois, de nous rendre service.



Comme lorsque notre réchaud est tombé en panne. Dans son atelier de mécanique à Rio Colorado, avec beaucoup de patience, Roberto a passé des heures à modeler le joint en cuir qui manquait au petit engin qui réchauffe, trois fois par jour, notre repas.

Quelle chance pour nous de tomber sur lui et de le voir réaliser son travail en écoutant les légendes et histoires de son pays.

Comme celle de « Difunta Correa », une femme du XIXème siècle, qui traversait la Patagonie à la recherche de son mari parti en guerre, et qui fut retrouvée morte de soif alors qu’elle allaitait son nourrisson, encore vivant.

Quelque temps après sa mort, un berger entoure sa tombe de bouteilles d’eau.

Une offrande pour l’avoir aidé à retrouver ses moutons.

Depuis, sur toutes les routes de la Patagonie, une quantité impressionnante de bouteilles de l’eau entoure toujours les autels dédiés à cette Sainte femme.

Comme quoi, le simple fait de comprendre une langue nous permet de découvrir un peu un pays, sa population, ses coutumes, …!!!

Ainsi sommes nous arrivés à Puerto Madryn, décidés à explorer Péninsula Valdés.

Jusque là, même si l’immensité soufflait sur notre route et que les températures nocturnes approchaient de 0°C, chaque nouveau matin, l’impression d’avoir changé un peu de ciel nous motivait.

Hélas. Cela ne sera plus pour longtemps.

 En quittant Péninsula Valdez, après avoir distingué dans la nature quelques ñandus (autruches) et guanacos mais aucune baleine, nous retrouvons notre route plus que jamais animée par le vent. Un vent, de plus en plus fatigant et déstabilisant.

On ne voulait pas laisser tomber, alors nous nous sommes décidés à essayer le stop.

On ne sait jamais, ça marchera peut être.

Quelques véhicules dont un camping-car nous font coucou sans s’arrêter. Qu’est qu’ils doivent être bien là dedans !. Et nous voila en train de rêver d’un camping-car.

Encore des camions et des voitures puis, enfin une camionnette. On fait signe et… super. Ça a marché !!!

Le soir même nous avons dormi à l’entrée de Punta Tombo, à 25 km du parc national de manchots.

Quelle ardue odyssée que de pédaler, à moins de 5 km/h sur un sentier sinueux, venté, ballonné et, en plus, en ripio (gravillons), juste pour aller voir des pingouins.

Mais le sentier des petits pas parmi ces petites créatures nous fait rapidement oublier la fatigue de la mauvaise route.

Sur les dunes et le bord de mer, le spectacle est unique.

On marche silencieux et en douceur en se sentant vraiment parmi eux.

En plus, on arrive juste en pleine période de reproduction.

Plus de la moitié des couples sont en train de couver leurs œufs.

Tour à tour male et femelle quittent le nid, en se dandinant jusqu’à la mer pour se dégourdir et chercher à manger, pendant que l’autre continue de couver.

A notre passage, entre les creux de terre, certains se dressent comme pour nous montrer leur rejeton. On se laisse, tout simplement, émerveiller !!

Elle a quand même son charme, cette Patagonie !

Par la suite, nous ne compterons plus nos kilomètres à vélo car on ne pédalera presque plus.

Dans un premier temps, on arrivera à Caleta Olivia en faisant la route Marcelo I.

Un motard en pick-up, mordu de la grande escapade, solidaire des deux roues.

Le lendemain, loin déjà de Caleta Olivia, après avoir dépassé un virage infernal en dénivelé qu’on pourrait appeler la porte de tous les vents, j’ai voulu quitter la chaussée (Gema) afin de libérer la voie à la voiture qui s’approchait derrière moi sauf que, mon guidon a été forcé dans la rafale et en quelque secondes, je me suis étalée sur le bas coté.

Pendant ma chute, j’ai eu le temps de voir une croix rouge quelque par sur la voiture.

Ça tombe bien, me suis-je dis !

C’est comme cela que nous avons fait la connaissance de Marcelo II qui, en plus de me donner des soins pour mes deux genoux, nous a conduit, dans son confortable camion, jusqu’à Rio Gallegos.

C’est-à-dire, quelques 600 km plus loin.

Une superbe rencontre et un bel après-midi en covoiturage.

Pour rouler la suite, on croyait que ça irait mieux. On croyait !

Notre dernière tentative pour arriver en pédalant à Ushuaïa n’a duré que 5 km.

D’ailleurs, on ne sait pas comment on les a faits, tellement les rafales nous freinaient. Lorsqu’on a compris qu’on n’irait pas plus loin, on s’est laissé pousser dans un demi tour, tout droit jusqu’à la file d’attente de la gare routière !

Le 25 novembre à 23h, nous sommes arrivés à Ushuaïa.

En descendant du bus, c’est l’accalmie.

Quel soulagement !!! Attendons voir !!!

D’abord, pour nous accueillir, une rue bien verticale. En poussant nos vélos, on se met à chercher un logement.

Par ci et par là, tous les hôtels et hostels étaient déjà complets.

La nuit s’avance, la montée aussi.

Encore quelques mètres et nous y sommes enfin.

Evidement, on ne pouvait plus aller plus haut.

Mais qu’importe l’effort quand, au matin ensoleillé, vous dégustez d’un café fumant devant un horizon de lacs bordés de montagnes parsemées de maisons colorées…

 Ushuaïa, la mythique Ushuaïa !!!

Ushuaïa, la ville la plus au sud de la planète.

Cirque impétueux de reliefs enneigés, de couleurs, de sensations et… de touristes.

Mais on ne vient jusqu’à Ushuaïa pour sa ville, ni pour son beau parc national ni même pour déguster son crabe géant.

La seule envie qui vous pousse à venir jusqu’ici est ce défi indéchiffrable de vous sentir sous le ciel le plus éloigné, infiniment insignifiant face à la cruauté des éléments ou tout simplement pour découvrir l’extrême. Terre de Feu est cela, le ciel le plus extrême !!!

Nous sommes contents d’y être bien arrivés et d’avoir découvert Ushuaïa mais maintenant, comment va-t’on quitter cette ville?

Garé dans un parking de la ville, avec une immatriculation française, un camping-car venait juste de démarrer à notre passage.

On a fait un coucou à ses occupants.

Anne Marie et Gabriel, voyageurs à travers le Continent se sont aussitôt arrêtés.

A l’intérieur de leur demeure l’atmosphère est calme et accueillante.

Comme nous, ils sont épuisés de leurs 3000 km de route depuis Rio de la Plata et de la météo adverse d’Ushuaïa.

Très rapidement la sympathie s’installe.

Et si vous fixiez vos vélos sur le toit ?

De la route de l’adversité au chemin de l’amitié. Mama mia !!!

Cela fait plus de deux semaines que, sur la Ruta 40, nous roulons, nous mangeons et nous dormons à 4 dans leur maison roulante…

Nous sommes déjà à Perito Moreno, à plus de 1000 km de la Terre de Feu, avec un formidable cumul de rires, de peurs, et d’aventures inédites qu’on pourra bientôt partager avec vous.

En attendant, on vous embrasse bien fort et, pour cette fin d’année, on vous souhaite de merveilleux moments inédits et privilégiés, en famille.

Vidéo n° 1 : De Buenos Aires à Ushuaïa

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Vidéo n° 2 : Ushuaïa



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