-->

2014-05 PEROU Pucallpa à Iquitos

Etape précédente PEROU
De Pucallpa à Iquitos
Etape suivante
 2014
03 mai à 9 mai

Voir la vidéo


Pucallpa, l’Amazonie péruvienne 

Nous voilà en mode sac à dos, enfin arrivés à Pucallpa.

Nos vélos, ainsi que nos sacoches et la plupart de nos affaires, sont restés à Lima. (Merci Iris et merci Jean pour accepter de nous les garder).

On a voulu voyager léger mais au final nos sacs ne sont pas si légers que ça. Ou alors, nous ne sommes pas faits pour jouer les « backpackers ». On préfère pédaler comme des mules plutôt que marcher comme des mules.

Heureusement, en quittant Pucallpa, les kilomètres qui nous attendent seront en flottant.

 Arrivés Pucallpa, qui veut dire « Terre rouge », nous sommes déjà dans l’Amazonie péruvienne. La chaleur nous fait transpirer à grosses goutes. On se croirait en Inde.

D’autant plus que dans cette ville de 200.000 habitants pullulent les taxis motos, tels les rickshaws de nos paysages indiens. Ici, pour quelques sous, les chauffeurs nous coupent le pas pour proposer un bruyant trajet vers le port, le chemin le plus demandé par les têtes étrangères. Mais nous, comme à notre habitude, nous donnons cours à notre plaisir pour la découverte à pied. Quoi qu’ici, vue la distance, le soleil qui tape et le chemin poussiéreux, on aurait pu accepter…

A la recherche d’un bateau pour Iquitos…

Enfin l’Uyacali nous montre sa face. C’est le fleuve qui nous conduira vers l’Amazone. Sa charge faramineuse de sédiments lui donne une couleur marron assez dense (comment imaginer qu’avec cette eau on se lavera ?).

On dirait un énorme courant de chocolat, chaud sans aucun doute.

Posés directement sur la boue, des dizaines de bateaux bordent le long du fleuve pendant qu’ils sont chargés et déchargés en même temps. Les changements fréquents de niveau de la rivière (et très probablement le manque d’argent) empêcheraient la construction d’un quai.

Cela nous inspire une image des ports d’antan où les porteurs, les véhicules, les marchandises, et bien sur nous, y abordent en se déplaçant dans la boue.

Et là, on cherche, un peu l’air pommé, parmi tous ces bateaux, celui qui va vers Iquitos.

Nous ne sommes pas au bout de notre mission mais ça devrait aller. Il faut juste contourner des dizaines de vendeurs et leurs tas de bananes, éviter les nombreux passants et les tas de poubelles, avancer sans glisser sur la boue et en sautant par dessus les flaques, attendre son tour entre deux porteurs, enjamber la rampe, faire dix mètres d’équilibre jusqu’au pont, chercher le maître entre mille marchandises et poser, dans chaque bateau, les mêmes questions.

Il n’y a pas d’autre moyen de savoir quel est le bateau qui va a Iquitos, ses dates et horaires de départ, le prix, les prestations dans le bateau, et cætera…

Sur le Henry V 

Nous montons à bord du Henri V vers 10h du matin pour quitter Pucallpa dès que toutes les marchandises seront chargées.

« Il est difficile de donner une heure », nous dit le maître, mais ça sera sans doute au cours de l’après-midi.

Traduction : trois jours plus tard.

A partir de Pucallpa, et pendant tout notre parcours sur les fleuves amazoniens, nous serons partagés entre deux paysages : l’horizon, qui ne va pas au-delà des rives, et le paysage humain, habitants du fleuve et passagers qui partagent chaque moment et chaque centimètre du bateau.

Comme un vieux scénario suspendu dans le temps
Ici, tout semble marcher comme au siècle dernier. A dos d’homme (et parfois de fille), les marchandises rentrent et se rangent dans tous les espaces disponibles du bateau. De gros sacs de céréales, des centaines de litres l’eau, de bouteilles de gaz, de boissons, de combustibles divers et variés, de matériaux de toute sorte et taille …

Miraculeusement, tout trouve une place dans l’embarcation. Y compris un petit singe, un gros cochon, quelques perroquets, trois ou quatre camions, dont un chargé de centaines de poules.

Pieds nus (ou en tongs) sur le sol glissant, sans gants ni casque, sans aucune protection, une équipe de jeunes manipule les lourds câbles en acier suivant les nombreuses manoeuvres du bateau. Aux commandes : le sifflet et les cris râleurs du capitaine, à moitié hystérique.

En quelques heures, le pont des voyageurs en hamac est plus que complet. Cela ne décourage pas les nouveaux passagers – certains même très âgés – qui se serrent, eux et leur cargaison, entre deux passagers ou entre deux lots de marchandises. Personne ne se soucie du manque de confort, le seul but est de partir, de changer d’horizon.

Quelques dix personnes au maximum, dans tout le bateau, auront la chance de voyager en cabine. Nous nous comptons parmi ces chanceux. Notre micro-logis est obscur et la plus part de temps, sans électricité, au bon vouloir du capitaine. Il est humide, les parois en tôle rouillée sont trouées mais, quand on voit des familles entières installées sous des escaliers, nous considérons notre place comme très privilégiée. L’eau de nos toilettes, celle du lavabo et de la douche ont la même couleur chocolat que celle de la rivière mais nous apprécions d’avoir ce petit coin, rien que pour nous. Pour les autres passagers, au moins 200, seule une dizaine de » petits coins » mal entretenus seront disponibles…

Il est des hommes et des femmes pour qui l’adaptation est leur plus forte ressource. C’est eux qui font les plus riches découvertes !

Comment fait-on pour manger si le bateau ne bouge pas ?
Le prix du voyage (quelques 15 euros en hamac, 30 euros par personne en cabine) comprend aussi les trois repas, mais seulement pendant la navigation.

Tant que le bateau est à « quai », que ça dure quelques heures ou trois jours, chacun pioche dans ses propres provisions. Ne sachant rien, nous, on n’avait rien prévu. On se décide donc à quitter le bateau pour aller chercher de quoi manger, sans être absolument certain que le bateau serait encore à la même place à notre retour. Mais bien sur que oui, il était encore là et on a pu charger notre cabine à max, en eau potable, gâteaux et provisions.

La libération des poules
Le soir du premier jour, scie et marteau en main, des hommes bricolent pour improviser un enclos rudimentaire entre la coque du bateau et le camion aux poules. Aussitôt fini, les poules sont libérées, nourries et rafraichies par leur transporteur.

Par contre, pour le cochon, on ne sait pas ce qu’il a eu à manger, ou ce qui lui a manqué.

Au deuxième jour, Henry V est pratiquement plein mais les chargements et les manoeuvres se poursuivront pendant deux jours encore, pour charger une longue remorque qui s’est mise à couple, et qu’il devra tracter.

De Pucallpa à Iquitos
Au quatrième jour de retard par rapport au jour prévu pour le départ, au petit matin, tout le bastingage du navire, tous les remparts, sont occupés par les passagers matinaux. C’est enfin le départ… !!!

La dernière manœuvre, dans ce fond boueu, avec la longue remorque chargée à bloc, n’est pas évidente à gérer. Une chose est sure, tout le monde est content de sentir, enfin, que le vent souffle.

Petit à petit, le port de Pucallpa et sa grosse chaleur disparaissent dans l’horizon.

Entre deux rives comblées de verdure, le bateau glisse sur un courant incroyablement régulier, dans un rythme incroyablement calme. De temps en temps, une formation d’oiseau décolle de la végétation et nous survole. Nos appareils photos sont prêts à mitrailler les dauphins roses, les gros caïmans et les méchants piranhas promis aux touristes, et qui sauteront sur notre chemin. Quoi que c’est peut-être trop tôt. Nous ne naviguons que sur l’Uyacali, pas encore sur l’Amazone….

Pendant les quatre jours de trajet, pour les voyageurs en cabine, tout se passe en douceur. Deux ou trois fois, la pluie est tombée, s’infiltrant doucement sur notre toit. Les fourmis nous fréquentent en douceur et les « cucarachas » nous réveillent aussi en douceur. C’est normal, nous sommes en Amazone.

Trois fois par jour nous avons la visite de l’aide du cuisinier.


Le matin il nous apporte de la banane bouillie avec du riz et du poulet, à midi encore du poulet avec de la banane frite et du riz, et le soir, pour changer il mettra quelques haricots noirs accompagnés du riz, de poulet et de la banane.

Les vapeurs de repas sur pont des hamacs
Entre le bruit et la chaleur des moteurs, trois fois par jour, une longue file de gens (tous âges confondus), gamelle en main, attend son tour pour avoir un repas.

Trois fois par jour, les mêmes personnes feront la même queue pour avoir accès aux lavabos, aux toilettes, aux douches…

Le matin, la file est animée par les jeux, les cris et la course des enfants.

A midi, c’est le concours de rangement. Les supports des hamacs sont remplis du linge à sécher, les mamas passent le balai par ci par là, et les petites vieilles se ventilent avec des éventails improvisés.

L’après-midi, une « bonne » douche chocolat amortit miraculeusement la fatigue de la chaleur. Même si au début on se refuse à s’y mettre, on finit tous par apprécier la fraîcheur de l’eau du fleuve. Après ce rafraichissement forcé, dans le pont des hamacs, c’est la sieste obligée. Une, deux, trois personnes et quelque fois plus, testent le repos dans un même hamac.

Le soir, pendant que les plus lents attendent encore leur tour pour la douche, les plus malins se mettent à chercher une place pour tenter de dormir dans la fraîcheur et le calme. Loin du pont des hamacs.

Serrés ou pas serrés, tous continuent courageusement le voyage, convaincus de leur expédition. Et de village en village, notre voyage continue !

Iquitos, petit bijou bruyant
Un soir quelconque, nous débarquons à Iquitos, sous une superbe pluie. Sans hésitation, on se laisse traîner dans le courant des taxi-motos allant de l’embarcadère vers la ville. On a intérêt à trouver un hébergement au calme. Mais pour ce soir c’est trop tard.

C’est parce que le lendemain nous avons trouvé une belle chambre (La casa del cauchero), loin de l’exubérante pétarade de taxi-motos, avec une belle vue sur le fleuve, que nous avons apprécié notre séjour à Iquitos.

Au bord de la rivière, la petite ville coloniale est tout à fait accueillante, avec une place d’armes toujours animée, un centre historique charmant et bien entretenu, mais la course infernale des taxi-motos devient rapidement fatigante.

Au deuxième jour de notre arrivée on commence à éternuer, au troisième, on a la toux et un mal de crane abominable. Sans doute la chaleur et l’humidité du bateau. Manque de chance, la fièvre commence au moment où tout le secteur hospitalier est en grève. Dans le coup de panique, au milieu de la nuit, Gema prend quatre comprimés de malarone, notre traitement de réserve anti-paludique.

Le lendemain, on trouve un médecin qui prescrit un antibiotique intramusculaire pour Jean-François, du sirop et des comprimés pour Gema.

Pour autant, on ne reste pas enfermés, pour ne pas rater la découverte du marché de Belén et la dégustation de ses réputées potions magiques !!!

Ces herbes et écorces amazoniennes… ça va peut-être nous soigner ?

Belén est un quartier où la ville s’étale sur la rivière et voit ses enfants grandir en arrosant les jardins de nénufars.

Ces nénufars où s’accumulent les déchets, où s’installent le lavoir de maman, où sont vidées les eaux des toilettes, les huiles, bidons, plastiques du bateau de papa et même le pipi des poissons.
Iquitos, petit bijou ? ou souffrance sur pilotis ?

Vers le cœur mythique de l’Amazone

Notre bateau pour Santa Rosa est là.

On ne se laisse pas dissuader par cette toux qui n’en finit pas de durer. Boîtes de médicaments en main, on saute dedans.

Cette fois-ci, le départ s’annonce ponctuel. Les passagers, les marchandises, les déménageurs, les vaches et les cochons, tout le monde doit arriver à l’heure. On nous assure que le trajet se fera sur trois jours. Ça sera comme ça sera.

A bientôt .......

Cliquer dans l'image pour lancer la vidéo

Cliquer dans la roue dentée pour améliorer la qualité,
dans le carré en bas à droite pour voir en plein écran,
et dans "Youtube" pour voir d'autres vidéos VAGAMONDES