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2012-01 Inde - MumBai



L’Inde, le Monde Autrement.


Jusqu’à présent, notre virée à vélo nous avait permis de sillonner de pays en pays dans une douceur successive de paysages, de cultures, de traditions….

Prendre l’avion pour venir en Inde donne à notre voyage un effet de brutal réveil sur un espace totalement étranger !

Un changement de dimension en quelque sorte.

Minuit sonne à Istanbul.

Il est 4h du matin en Inde au moment où la petite peur, celle qui conteste la curiosité naturelle humaine et la découverte du nouveau, commence à nous taquiner en haut du ventre.

Notre avion vient d’atterrir à Bombay.


Le nom initial de Bombay est d’origine portugaise : Bom bahia, Bonne baie. Mais Bombay se nomme maintenant Mumbai.

Avec presque 20 millions d’habitants, Mumbai est la ville la plus peuplée d’Inde, et aussi un des plus grands bidonvilles d’Asie.

On donne aussi à Mumbai le nom de Bollywood parce qu’ici tourne l’industrie du cinéma indien.

Que nous réserve ce pays, peuple de spiritualité, terre d’aventure, joyau d’exotisme, sur lequel on peut tout entendre, tout lire, tout imaginer… et son contraire ?

Nous sommes à la fois impatients et craintifs de le savoir.

L’excitation et autres sentiments se sentent dans l’air des files d’attente de la douane.

La prudence nous incite à rester quelques jours à Bombay plutôt que d’essayer de trouver, comme on le pensait, un coin à l’aéroport pour remettre en marche nos vélos et de quitter aussitôt la ville.

Entre 5h et 6h du matin, dans un taxi prépayé, nous voici donc en route vers le quartier Colaba, où l’on espère trouver un hôtel.

Notre taxi, en forçant tous les feux rouges, nous offre un « avant-propos » de la circulation en Inde.

Entre nous, nos regards se croisent. La petite peur ne cesse d’augmenter, mélange de toutes les mises en garde sur les arnaques diverses dont sont victimes les touristes.

Il ne fait pas encore jour mais la ville de Bombay est déjà bien réveillée.

Les marchés s’installent un peu partout sur les bords des rues.

Camions, piétons, voitures, animaux, charrettes, vélos… occupent entièrement la route comme un Tout qui se brasse et se re-brasse sans vraiment se déplacer.

Sous le voile de poussière on essaye de comprendre ce brassage humain, ces centaines d’individus confondus dans une même impulsion, fusionnés par une même aspiration. La survie !
Rien de cassé !!

Dans la Walton Road, du célèbre quartier européen Colaba, l’hôtel Kishan accueille notre arrivée sans tenir compte de l’heure.

Une petite équipe de « boys » se met en activité pour décharger nos lourds cartons et bagages du taxi et les conduire dans une chambre au troisième étage.

Laquée du même rose que les temples de l’Inde, cette grande chambre nous permettra de consolider nos vélos et de préparer, ce qu’on espère, notre agréable expédition indienne. 

A cinq minutes à pieds de la mer, notre rue est calme.

La lumière rose des murs et l’isolement se prêtent pour un premier bilan.

L’apaisement de nos émotions et un besoin de sommeil se font presque urgents.

Le voyage s’est très bien passé, toutes nos affaires sont là, personne n’a essayé de nous escroquer, au contraire, tout le monde a essayé de nous renseigner, de nous aider et on a même réussi une petite réduction à l’hôtel.


Nous sommes enfin installés.
Il fait beau.
Tout va très bien.
La petite peur fait sa discrète et un sommeil récupérateur prend sa place.

La récupération est rapide quand la promenade s’impose.

Une fois passée la fatigue due au voyage, au manque de sommeil, au décalage horaire, et après qu’on se soit un peu habitué au bruit incessant, à la circulation, aux klaxons, à la foule, à la poussière,  Il reste le choc difficilement supportable provoqué par la misère, de familles qui vivent à même le trottoir, de très jeunes filles portant un enfant, peut-être le leur, qui demandent de l’argent avec beaucoup d’insistance, de vieillards, certains presque nus et immobiles sur les trottoirs, ou de mutilés en tous genre.

Le tout dans une apparente indifférence générale. (“L’Hindou mendie, froidement, avec conviction, avec culot, considérant cet emploi comme sa destinée. Les Hindous, ni bons ni charitables, passent leur chemin et le laissent parce que c’est sa destinée” – Extrait de Un barbare en Asie)

On finit malgré tout, au bout de quelques jours par apprécier cette ville, dont on ne découvrira, pendant ce premier séjour, que le centre historique, soit même pas un vingtième de la ville.

Le quartier COLABA, dans lequel se regroupent les touristes, nous compris, respire encore la présence anglaise : Arc de triomphe (Gateway of India), Palais du Prince de Galles, Gare Victoria, Bus rouges à 2 étages, joueurs de cricket sur l’immense terre plein du centre ville, anciennes maisons coloniales…..

Il suffit de s’en éloigner de quelques rues pour s’apercevoir qu’une bonne partie de la population vit dans des bidonvilles….

On profitera donc du beau soleil et de notre temps dans la ville pour faire la promenade préférée des habitants, marcher face à la mer, autour de la célèbre Gateway of India des anglais et du Taj Mahal Hôtel qui est juste à côté. L’hôtel le plus prestigieux de l’Inde.

Des centaines de bateaux de toutes les couleurs contrastent sur une mer et sur une côte terriblement polluées.

Alors, on préfère tourner la tête vers les quais pour voir le magnifique défilé des femmes indiennes, si éclatantes dans leur sari.

A elles toutes seules, c’est un spectacle de couleur et d’élégance ravissant !


SAM_0567En bordure de Churchgate station, nous suivons le passage des dabbawallahs - livreurs de nourriture pour la préservation de leur caste.

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De nombreux indiens ne mangent en effet que la nourriture préparée par leur épouse, y compris sur leur lieu de travail.

Les Dabbawallahs vont chercher à domicile le repas préparé par l’épouse.

Les gamelles numérotées passent de main en main, prennent les transports en commun et arrivent toutes à la gare ChurchGate Station.

A 11h30 elles sont prises en charge par d’autres Dabbawallahs qui les livrent encore chaudes sur le lieu de travail.




Nous visitons le quartier de Victoria Station dont la gare est inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco. Bel exemple d’architecture de l’Inde Anglaise.

Au bout de trois jours de coexistence avec ces quelques 20 millions d’habitants, on commence à se sentir un peu plus à l’aise, même si le simple geste de traverser une rue nous parait encore une audacieuse aventure.

Une visite guidée au quartier des blanchisseurs nous apprendra comment s’organise la vie du groupe de personnes qui font fonctionner la plus grande lessiveuse de la planète, le Dhobi Ghat.


Sous une immense toile de fils à linge, la population de ce quartier travaille jour et nuit, dans les conditions les plus infâmes, pour que des centaines d’hôtels, de restaurants, d’usines à vêtements et autres, puissent prospérer.
 




Au cinquième jour, la population indienne ne nous est plus trop étrangère.

On ose se fondre parmi tout le monde, même dans les quartiers le plus dépouillés, passage obligé pour aller visiter un temple ou un monument.



La ville est énorme, on ne pourra pas tout voir.

SAM_0614On s’organise alors dans une escapade, à pied et en taxi, pour traverser de bout en bout le Malabar Hill, la petite pointe de Bombay où se trouve la Mani Bhavan, connue aussi comme la maison de Gandhi, dans laquelle il séjournait lorsqu’il séjournait à Bombay (entre 1917 et 1934) .

Jolie maison de quartier bourgeois aujourd’hui transformée en musée. Voir quelques photos.
 


A quelques pas de là, le Balbunath est le plus ancien temple de Bombay.

Son étonnante architecture rococo, pour vénérer un quelconque dieu, s’élève sur un promontoire de poubelles et d’habitations minuscules et tristement délabrées.

A notre pas, le regard des gens nous suit partout.

Mais nous sommes juste une curiosité.

Leur karma et le nôtre nous laissent avancer, observer, nous approcher, toucher un mot, faire une photo… librement et sans crainte!

On comprendra, petit à petit, qu’ils ne nous en veulent pas.

Au contraire, ils s’intéressent gentiment à nous, on nous sourit, on nous pose des questions et, souvent, on nous prend en photo.

Nous et tous les étrangers. Voila quelque chose de rigolo !
 
A Malabar Hill, se trouvent aussi les “Hanging Garden”, jardins suspendus sur les citernes de la ville, rien de vraiment extraordinaire sinon qu’ils constituent la zone verte la plus grande et la plus propre de la ville.

Dans cet ensemble il y a aussi les Tours du Silence, desquelles on saura juste qu’elles existent. (dans ces tours, les corps des personnes décédées sont offertes aux vautours)

Et si l’on a envie de visiter les temples, il faut enlever ses chaussures.

Pour celui de Jaïn et Mahalaxmi, l’entrée nous sera interdite.

Dans la même course, on s’engage pour une visite à la mosquée Haji Ali Dargah, mélange d’architecture islamique et de religiosité hindouiste.


Pour y accéder, il faut, à marée basse, parcourir une digue, que l’on pourrait appeler la digue de la compassion.

Car, longue de quelques 200 mètres, dans une atmosphère abjecte, elle constitue un chemin bordé de mendiants, d’infirmes et de mutilés...

Des images qui choquent, mais aussi qui révèlent ce qu’il y a à l’intérieur de nous-mêmes.

Il faut apprendre à avoir le cœur bien accroché, si l’on a envie de découvrir davantage.

Une semaine à Bombay nous fera comprendre que c’est ici que le mot Adaptation prendra un véritable sens pour nous si tout ce qu’on cherche c’est de trouver la plus belle face de l’Inde.



Nos sacoches et nos vélos, rétroviseurs à droite, sont prêts pour partir.

La petite bête se fait présente !

Notre aventure et notre recherche viennent de commencer !


En savoir un peu plus :


Gateway of India SAM_0520 

Gateway of India est un arc de triomphe, élevé en 1914 pour commémorer la venue en 1911 de l’empereur des Indes, le roi Georges V. 
Ce sera aussi notre point de départ lorsque nous quitterons Bombay en bateau pour rejoindre la côte, un peu plus au sud de Bombay.




Taj Mahal HotelSAM_0522  

Ouvert en 1903 par la famille TATA, c’est l’hôtel le plus prestigieux d’Inde.

TATA l’a construit après que lui ait été refusé l’entrée du meilleur hôtel de l’époque, alors réservé aux occidentaux.

Chirac y a séjourné, mais pas nous.






TATA est aujourd’hui encore le plus grand groupe industriel de l’Inde, qui a racheté Land Rover et Jaguar à son ancien colonisateur.
TATA fabrique par ailleurs la voiture la mois chère du monde : la Nano (photo du milieu, ci-dessous). TATA airlines est devenu Air india. Les bus sont souvent des Tata, etc ….
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