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2012-06 Inde - Gingee à Bombay

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Sommaire Inde 2012

02 mai à 13 Juin
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Dernière épisode de notre vie Indienne, ou "Les survivants des Indes"

Tout a une fin. 
Inde - Retour Bombay

C’est ce qu’on dit ! 

En tout cas, pour notre périple en Inde, la fin est là ! 


Le 5 juin, devant la porte de notre hôtel Kishan, Walton street dans le quartier de Colaba à Bombay, encore sur nos vélos, nous nous sommes fait un ravissant et complice baiser, sous les yeux des passants, pour cet incommensurable et mémorable aboutissement, après 4000 km de circulation, de valse et d’animation sur les routes et dans les villes indiennes, et cela, au plus chaud de la plus chaude saison !!! 


On ne connait personne qui ait fait la même trajectoire, histoire de partager un peu nos aventures ! 


Nous voila donc à Bombay, indemnes, en pleine forme et heureux comme des enfants!!!

En rétrospective


Le 02/05, départ de Gingee vers la ville de Hampi (à quelques 600 km vers le nord). 

Le 03 /05 soir, en arrivant à la ville de Kollar, les passagers d’une moto nous approchent -comme beaucoup d’autres, et nous posent la même liste de questions que beaucoup d’autres ; sauf que cette fois-ci, ce ne sont pas de simples curieux.


C’est, ni plus ni moins que Public TV, la télé locale. La totale !!! 

Au carrefour suivant, pédales posées, le dialogue se poursuit et, en espace de quelques minutes, une foule de curieux, plus nombreux que d’habitude, nous encercle. Camera et micro devant nous !!! 

Mama mia !!! 

C’est là qu’on voudrait avoir l’anglais le plus parfait, mais bon, on se fait quand même comprendre !!! 

Question-réponse, question-réponse puis, petit discours sur notre parcours ! C’était rigolo. 

Dommage que par la suite, on ne se verra pas sur l’écran !


L’humidité du bord de mer est maintenant loin derrière nous. 

Cette partie intérieure du pays que nous traversons est légèrement vallonnée et semi aride. 

Comme partout en Inde, le mois de Mai est le mois le plus chaud de l’année. 

Sous le soleil écrasant, notre bouche se dessèche et notre peau ruisselle sans cesse ! 

On s’arrête tellement souvent pour acheter à boire  qu’on finit par se dire que ça nous coûterait moins cher d’acheter de l’essence si l’on voyageait en voiture climatisée. 

La seule faveur que l’on doit à cette météo c’est que les chiens sont encore plus abattus que nous, alors, ils nous laissent passer tranquillement sans ‘whao whao’ dire (sauf, très tôt le matin !!!) 

La forte chaleur, additionnée au trafic des routes indiennes, bondées et sans intérêt pour des yeux en quête de relief et de couleur, ça donne des parcours journaliers de plus en plus durs. 

On aurait pu avancer la date de notre vol et rentrer plus tôt que prévu en France mais dans notre programme de découverte, on avait laissé le meilleur pour la fin et on a trouvé dommage de partir sans visiter deux des plus beaux monuments historiques du sud de l’Inde, Hampi (au sud de Bombay) et Ellora (au nord de Bombay). 

Alors, pour atténuer un peu notre peine, on s’est décidé à mixer le vélo, avec le bus et quelques fois, un peu de camion-stop. 

Notre première expérience de voyage en bus, nous amène de Tumkur à Hospet, mais pas sans horreur ! 

L’engin démarre alors que Jean François est encore sur le toit pour attacher les vélos.!!! 

Il faudra attendre l’arrêt suivant pour remonter illico sur le toit et attacher solidement nos précieux véhicules. 

Ensuite, installés très inconfortablement sur la matière crasseuse et défoncée des sièges rigides, nous avons vécu quatre heures de la vie normale indienne ; Tout à fait extraordinaire pour nous ! 

Par une autoroute, où les entrées et sorties se font quelquefois à contre sens, klaxon à fond, notre vieux taco bus, conduit par deux chauffeurs s’amusant à échanger la place du conducteur tout en roulant, nous a, Shiva merci, amené sains, saufs et vélos intacts, à notre destinée. 

On pensait alors à notre chère amie Françoise, lorsqu’elle nous racontait ses voyages en Inde en nous disant : «Seuls les indiens comprennent la conduite sur ces dangereuses routes».

Hampi, ou le Teotihuacan “XL” de l’Inde. 

Dans ce qui est aujourd’hui un petit village, plutôt calme au mois de mai, on passera plusieurs jours à jouer les Indiana Jones dans la découverte de la splendeur enfouie de cette colossale cité du XIVème siècle. 



Plus de 400 monuments, temples, palais et statues énigmatiques, vestiges d’un passé glorieux, le tout dispersé sur une étendue de 30 km2 de végétation tropicale sur de reliefs exubérants, nous permettent de situer certains épisodes de l’histoire de ce pays et de mieux comprendre son présent. 

Un endroit, simplement remarquable !!! Ça valait les coups de chaleurs !!!

De là, en pédalant pendant 100 km et en faisant quelques 50 km en stop, nous arrivons à Badami

Si l’on parle de ce petit village, c’est parce qu’à lui tout seul, il vous offre tout l’art, toute la nature, la culture, le savoir vivre, la fascination de l’Inde. 

On pourrait dire, un échantillon miniature de l’âme indienne. 

Plus on observe les hommes et les femmes de ce pays, plus on se dit que, peut être, si on les trouvait vraiment différents, on ne serait pas si captivés ! 

Sauf quelques technologies modernes qu’ils ont adoptées (téléphone, motos), ils sont nous-mêmes il y a 150 ans !!!

Vélo, stop, vélo, stop, on passera par Bijapur et Solapur avant d’arriver à Aurangabad, autrement dit Ellora !!! 


S’il y a un endroit au Monde qui montre bien comment la ferveur religieuse est capable de développer et d’accroître le talent artistique humain, jusqu’à exalter les Dieux, c’est bien Ellora. 

Dans ce site, après avoir traversé une vaste pleine, on grimpe sur une sorte d’éperon rocheux pour découvrir, sur le flanc d’une falaise haute de 100 m et longue de 2 km, 34 cavités, plus ou moins profondes et plus ou moins travaillées. 

Chacune de ces cavités héberge un temple. Ils ont été sculptés, les uns après les autres, entre le VIIème et le XIIème siècles, en l’honneur de Bouddha, Shiva et Shravanabellagola. 

Un légendaire témoignage de tolérance et même de coexistence de croyances indiennes: Bouddhisme, Hindouisme et Jaïnisme, aujourd’hui envahi par le Tourisme.

Un sleeper pour Pune, s’il vous plait !!! 

Nous voila en car de nuit maintenant, avec une couchette lit fermée, à 2 places, spacieuse, et une soute pour nos vélos. 

Mais si le car a un confort supplémentaire, la route reste la même, et sa géographie ne facilite pas le sommeil. On en sort plus fatigués que que d’une journée de vélo ou que d’une nuit à l’hôtel.

Durant notre voyage de Bombay vers Goa, nous avions fait connaissance d’un sympathique groupe de jeunes voyageurs à vélo, originaires de la ville de Pune. 

Il se trouve que Pune est sur la route qui va d’Ellora à Bombay. 

C’est donc l’occasion de revoir Aniket et Chaitanya, qui sont bien contents de nous revoir et de nous recevoir. 



Ainsi, pendant trois jours on sera logés, promenés et bichonnés, nous et nos vélos, par les soins et les attentions des ces chaleureux jeunes hommes et de leurs parents. 

Pune est la ville la plus vaste (4 millions d’habitants) et la plus moderne que nous ayons visitée en Inde, après Bombay. 

Elle est même plus propre que Bombay, et, pour la première fois en Inde, on pourra voir des pistes cyclables. 

On pouvait parfois presque se croire en Europe !!! 

Toujours est-il que nous avons passé un séjour exceptionnel dans la compagnie d’Aniket, Chaitanya et autres amis. Avec lesquels nous sommes partis pour une dernière virée dans la montagne pour, encore, un séjour exceptionnel. 

Deux jours au bord d’un lac, dans la fraîcheur, le calme, la lumière et les reliefs à perte de vue !!!

Après les adieux en haut de la montagne, nous descendons tous les deux, en douceur, pour se poser quelques jours à Kashid, sur le bord de mer. 

De là, le voyage vers Bombay sera plus long que prévu (200 km au lieu de 30). 

Inde Traversée Bombay AlibagLa liaison maritime est interrompue pendant la mousson et ne reprendra qu’en septembre. 

On se croyait déjà à Bombay, et on doit encore pédaler sur des routes à grande circulation…… 

Heureusement que la saison prend son temps pour s’installer. 

Ca nous permettra d’arriver à Bombay, sans pluie, après une nuit étape à Karnala dans un routier plutôt crad.

Cinq jours déjà que nous sommes installés dans la grande ville. 

Au deuxième jour, la presse est venue nous voir dans notre chambre d’hôtel pour, au final, dire la même chose que la dernière fois. 

Mais on ne se prend pas pour des stars et ce qui compte pour nous c’est l’attention. 

A présent, on occupe tout notre temps à préparer notre prochaine étape, l’Angleterre, et à se promener dans les rues de cette gigantesque ville de Bombay qui nous révèle, seulement maintenant, son véritable charme.

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Petit bilan

6 mois sur les routes de l'Inde


Lorsque nous sommes arrivés en Inde, nous ne savions pas si on allait rester ou pas, tellement la circulation et beaucoup d’autres choses dans la vie de ce pays nous semblaient compliquées, moches et même invivables...


Dans notre première image, l’Inde est une vieille en souffrance, un enfant abandonné, une femme qui entretient les routes, un cocotier, un mendiant qui vous colle avec insistance, deux jeunes-hommes qui se tiennent par la main, une bonbonne d’eau voyageant sur la tête d’une femme, un mutilé qui se traîne pour vous couper le pas.


L’Inde est aussi une belle femme en sarii, une famille sous une bâche, des dizaines d’enfants qui viennent à votre rencontre, une chèvre allaitant sa portée au milieu de la route, de précieux bijoux, un tas de poubelles, un parfum d’encens, un égout ouvert, un temple magnifiquement sculpté, une table sans couverts, une vache ou un cochon égarés, un goût au piment, un bruit sans fin… 

Pour un occidental gâté par la vie, cette première vue de l’Inde peut donner l’angoissante impression de l’exil.


Plus de cinq mois viennent de s’écouler depuis notre arrivée et, même si nous avons hâte de retrouver la France, honnêteté oblige à reconnaître un bilan positif, de tous points de vue, de notre découverte indienne. 

D’abord, nous sommes allés partout où on a voulu, et fait tout ce qu’on a voulu, sans jamais avoir d’ennuis. 

Jamais personne ne nous a volé ou nous a agressé. Au contraire, partout où on passait à vélo ou à pied ça suscitait une rencontre, une photo, un mot spontané, un sourire accueillant. 

Dans différents régions, la presse a parlé de notre voyage; nous avons fait des connaissances et aussi de vrais amitiés. 

Nous avons réussi à prendre notre place dans ce pays et notamment dans ses routes.

Nous ne sommes pas devenus entièrement végétariens mais nous nous sommes adaptés à la nourriture, quelle qu’elle soit, sans chipoter et sans tomber malades.

Avec ou sans l’anglais, nous avons toujours réussi à nous exprimer, à communiquer, à partager notre voyage.

Nous nous sommes faits aux matelas durs et aux toilettes sans papier.

Nous nous sommes adaptés aux obstacles et au bruit pour circuler, pour visiter et même pour dormir.

Par tous les temps, même les plus chauds, nous avons toujours trouvé la motivation pour avancer et pour arriver.

Tout ça pour dire qu’aujourd’hui, nous avons l’honnête impression d’avoir grandi en Inde !!!

L’Inde, n’est pas plus pauvre ni plus riche que beaucoup d’autres pays, elle n’est ni meilleure ni pire, ni plus belle ni plus moche! 

L’Inde est simplement différente, encore plus que tout ce que l’on connaît. 

Et lorsque vous l’approchez véritablement en vous laissant imprégner par sa culture et ses habitants, toujours fiers de leur pays tout en se battant sans cesse pour leur vie, un pincement vous serre le cœur et vous fait dire : quel aurait été mon sort, si j’étais né en Inde ? 

Voyager est la plus magique façon de grandir !!!

On se voit très bientôt !!!




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